Sylvain Savolainen

Reporter / Photographe

Indonésie / Malaisie

Ikat: Une étoffe pour les vivants et pour les morts

Le mot «ikat», d'origine indonésienne, désigne un textile rare de même qu’une technique de tissage particulièrement complexe que l'on trouve uniquement en quelques lieux du monde. Une étoffe qu'aujourd'hui, les collectionneurs, grands couturiers tels que John Galliano, Issey Miyake, Yohji Yamamoto, Yves Saint-Laurent et autres, tout comme les touristes et les grands musées d'ethnographie et de textiles du monde entier recherchent activement. Une avidité donnant même parfois lieu à des disputes se réglant à coups de milliers de dollars. Une des plus importantes et plus remarquables productions du monde se trouve sur différentes îles d'Indonésie.

L'intérêt de ce reportage réside dans le fait que l'ikat possède bien plus de valeur et représente bien plus qu'un simple textile. Lié aux mythes fondateurs de différentes îles, à l'occasion de cérémonies funéraires, mariages, compétitions sportives et autres célébrations; ou encore dans la vie quotidienne, l'ikat est honoré, représentant même parfois l'élément principal d'une cérémonie.

Qui plus est, d'île en île, de Sumba à Bali en passant par le Sarawak, des pouvoirs surnaturels sont accordés à l'ikat.

D'une esthétique variable selon l'île, ce textile est pleinement vivant à travers tout l'archipel indonésien.

Le reportage présenté ici propose de découvrir un aspect méconnu de la culture indonésienne à travers le fil rouge d'un textile, l'ikat. Visuellement, l'attention a été donnée afin s'éloigner d'une présentation uniquement d'images statiques lors de la production. C'est également une immersion qui est proposée dans l'intense et fantastiquement vivante relation qu'entretiennent les habitants avec leur art.

Une manière d'aborder, par ailleurs, la relation que le monde "moderne", en Occident comme en Asie, possède avec une certaine mode de collection d'objets "ethniques" destinés à la décoration d'intérieur.